L'Académie "Opera for Peace" : l'art lyrique au service de l'inclusion et de la paix

L'art lyrique au service du dialogue international et de la paix, c'est l'objectif de l'Académie Opera for Peace. Une dizaine de jeunes chanteurs venus de cinq continents se retrouvent le temps d'une semaine : Sud-africain, Ukrainiens, Iranien ou encore Arménien... Ils suivent des cours pour les accompagner vers la professionnalisation. Après Rome l'an dernier, l'Académie a posé ses valises à Paris. France Musique a été à la rencontre de la promotion 2023 lors d'une masterclass, à la Cité internationale universitaire.

Ambassadeurs de leurs pays

Ils ont déjà un niveau impressionnant. 13 chanteurs lyriques retenus, sur 180 candidatures. Chacun leur tour, ils donnent de la voix. De jeunes talents venus du monde entier La diplomatie culturelle, Julia Lagahuzère y croit dur comme fer. Cette ex-directrice adjointe aux castings de l'Opéra de Paris a co-fondé l'Académie il y 4 ans : "Nous voyons aujourd'hui que le monde est instable. Il y a des crises partout, des pays en guerre. Pour eux, il est important d'apporter quelque chose à leur pays, nous essayons donc de leur donner des outils pour qu'ils deviennent des ambassadeurs. C'est le but ultime de notre programme."

Certains représentent des pays où les droits sont directement menacés comme Forooz Razavi, une soprano iranienne qui vit à Milan : "Aujourd'hui il est compliqué, surtout pour les jeunes artistes, d'avoir des opportunités. Et en Iran, en ce moment, le régime interdit catégoriquement aux femmes de chanter. J'ai hâte que la musique revienne en Iran, que les gens puissent à nouveau profiter de cet art magnifique."

"Une opportunité vraiment précieuse"

Important de faire entendre la voix de leur Nation d'autant plus pour Oksana Sliubyk, soprano, et Ihor Mostovoi, baryton basse, qui viennent d'Ukraine. "C'est très symbolique de participer à cette Académie. Nous avons besoin de paix, notre pays a besoin de paix", témoigne Oksana."Il faut parler de la paix. Comment la promouvoir non avec les armes, mais par d'autres moyens, dont la musique. Je pense que c'est une opportunité vraiment précieuse", ajoute Ihor.

D'autres enfin profitent simplement des précieux conseils prodigués lors de l'Académie. C'est le cas de Lulama Taifasi, ténor sud-africain : "En Afrique du Sud, il y a beaucoup de talents mais moins d'opportunités. Donc, pour un chanteur sud-africain, venir en Europe étudier l'opéra est une chance. Car nous pouvons avoir des retours sur ce que l'on fait et voir comment fonctionne ce milieu."

La classe du jour est donnée par une sommité Le baryton américain Thomas Hampson : "Je transmets à mes jeunes confrères un entraînement de haut niveau, préprofessionnel, voire professionnel. Et c'est ma passion : transmettre aux jeunes chanteurs l'expérience dont j'ai moi-même eu la chance de bénéficier." Les jeunes chanteurs ne seront pas lâchés dans la nature. Ils resteront en contact avec les artistes, seront mis en relation avec des opéras, des festivals, pour devenir, dit la directrice de l'Académie, de "véritables leaders culturels".